Dr Claire Combelles est vétérinaire dans une petite ville du centre de la France. Elle parle aux Grands méchants loups de son quotidien au cabinet et dans les fermes…
J’ai eu cette idée depuis toute petite parce que j’adorais les animaux, j’ai toujours eu l’impression d’avoir une communication aisée avec eux.
Il faut un bac général et après il y a plusieurs voies d’entrée. En général, il faut faire 2 ans de prépa et passer après un concours. Les 400 meilleurs se répartissent dans les quatre écoles véto. Ensuite, il y a encore 5 ans d’études. On termine en étant docteur véto. Après, on peut encore se spécialiser.
Moi, oui, à l’exception des animaux trop exotiques - genre boas - et des chevaux.
Les chats et les chiens (60%), suivis des bovins (veaux, vaches), et des chèvres.
Son propriétaire, même si j’ai à cœur de soigner l’animal. D’ailleurs il me faut toujours l’accord du propriétaire pour le soigner. Aussi bien moralement que financièrement.
Il y a deux journées types : la rurale à la campagne et la canine au cabinet.
Je commence à 9h au cabinet, mais on est aussi de garde, c’est-à-dire que le téléphone peut sonner le soir ou au milieu de la nuit. Dans ce cas, il faut qu’on y aille. Je m’habille mieux pour recevoir les clients et être plus fréquentable. On est au chaud, à l’abri de la pluie, par contre on n’arrête pas de la journée. C’est un client après l’autre, des appels téléphoniques, des chirurgies.
Je commence à 8h, je mets des habits qui ne craignent rien parce que je vais être dehors, et, si c’est l’hiver, je m’habille chaudement. Je suis en partie en voiture, donc seule, je peux écouter la musique qui me plait, par contre, je ne sais pas ce qui m’attend. Le secrétaire me dit, maintenant, tu vas chez untel, etc. C’est donc deux modes différents et j’aime cette diversité. La canine me repose physiquement et la rurale psychologiquement.
Oui. Ce matin, par exemple, je suis allée voir une vache qui n’arrivait pas à se lever. Elle a vêlé hier soir, c’était son 4ème veau, donc c’est une vache un petit peu âgée. Il faisait très chaud hier, donc elle était fatiguée, elle avait du mal à se mettre debout. On l’a aidée, elle tremblotait, je l’ai perfusée, je lui ai donné du sucre et du calcium qui sert au tonus musculaire. Je vais plutôt te dire par semaine parce qu’il y a entre des jours de repos. De 8h-12h et de 14h-19h donc 9h en général. S’ajoutent les gardes. Cela veut dire que le midi pendant que je mange ou que je me repose un peu, je dois répondre au téléphone s’il sonne. Il y a des appels qui nous font aller quelque part, d’autres, juste pour avoir des infos. On n’est pas aussi tranquille que sans téléphone. C’est la même chose pour les gardes du soir ou du week-end, donc du vendredi soir au lundi matin. En compensation, on a des jours libres. En moyenne, on travaille 4 ½ jours par semaine. La semaine après un week-end, j’ai deux jours de libres. C’est l’avantage de travailler dans un grand cabinet parce qu’on est six. Ce n’est pas partout comme ça.
Oui. Ce matin, par exemple, je suis allée voir une vache qui n’arrivait pas à se lever. Elle a vêlé hier soir, c’était son 4ème veau, donc c’est une vache un petit peu âgée. Il faisait très chaud hier, donc elle était fatiguée, elle avait du mal à se mettre debout. On l’a aidée, elle tremblotait, je l’ai perfusée, je lui ai donné du sucre et du calcium qui sert au tonus musculaire.
Pour les chats et les chiens, la vaccination (au moins 20% des consultations). La castration et la stérilisation (80% pour les chats et chattes, moins chez les chiens. Après des problèmes de peaux (gratouille et léchouille) surtout l’été quand il fait chaud, boiteries. Après des problèmes de diarrhées, vomissements, amaigrissement, refus de manger, et plus rarement de la chirurgie : un corps étranger avalé, un calcul urinaire.
Oui, ça compte pour nous dans la vaccination. Beaucoup de chiens sont pucés, les chats sont encore souvent tatoués. On a le droit de tatouer ou à la cuisse ou à l’oreille.
Un jour une dame m’a demandé de tatouer son chien à la cuisse. C’était un shar pei, un petit chien tout plissé. Mais pour tatouer, il faut tendre la peau, et quand je relâchais la peau, la lettre ne ressemblait plus à la lettre que j’avais dessinée. C’était vraiment compliqué, je n’avais pas vu la difficulté de cette aventure. Une famille avait trouvé un chaton et me l’a amené car il avait une petite tache à l’oreille. J’avais un petit doute sur ce que cela pouvait être. J'ai demandé aux membres de cette famille si eux aussi avaient des taches. Ils m'ont regardée avec de grands yeux, ont levé leurs manches : ils avaient les bras pleins de taches eux aussi et ressemblaient à des dalmatiens. En récupérant le chat, ils avaient attrapé la teigne. Ils ont pensé à emmener le chaton chez le véto mais eux avec leurs grosses cloques ne sont pas allés chez le dermatologue. J’ai shampooiné le chat et envoyé les gens chez le dermato. Je travaillais en montagne. Donc, on n’avait pas forcément de robinet à portée de main. Je venais de faire un accouchement, j’avais les mains pleines de sang, les bras, j’avais été éclaboussée. Je sentais que j’en avais aussi sur le visage. Au retour, les gendarmes font un contrôle d’identité. Je me dis, je vais rester ½ heure à expliquer pourquoi j’ai du sang partout. Heureusement, sur la voiture, on a un petit écusson qui signale qu’on est vétérinaire. J’ai baissé ma vitre, j’ai dit bonjour, il m’ont regardée et m’ont laissé passer, sans contrôler mes papiers.
Normalement si, mais je suis plus à l’aise avec les mains nues pour les accouchements. Je me désinfecte les mains avant. Je préfère sentir ce que je touche. Mais même avec les chiens, j’aime bien les caresser quand ils sont en consultation, je me lave les mains 20 fois par jour.
Je me suis découvert une affection particulière pour les chèvres en venant travailler ici.
La diversité, parce qu’on voit plein de choses différentes tout le temps. L’ingéniosité aussi car il y a perpétuellement des cas qu’on n’a jamais vus, qu’on n’a pas étudiés. Il faut donc être créatif, intelligent. Le côté clientèle aussi, ce sont au fond les gens qui sont nos clients. Il y a une grande humanité. Et j’aime bien le fait de travailler dedans et dehors surtout parce que je suis assez sportive et dynamique.
Ne pas pouvoir bien faire son travail. Par exemple, devoir faire une césarienne sans lumière, ni eau. Mais le veau doit sortir et pour moi ce sont des conditions détériorées car les gens n’ont pas réfléchi. Ou la dame avec un chien qui a la diarrhée depuis 6 mois, elle vient seulement, le chien couche dehors et il n’y a pas d’ombre dans le jardin. Cela m’agace. Mais on n’est pas là pour juger, il y a parfois des circonstances particulières.
Alors il faut toujours faire attention aux animaux. Par exemple, vous trouvez un chien mignon, vous allez vite le caresser et lui peut avoir peur. Il faut avancer lentement et regarder comment lui réagit. Surtout ne pas le brusquer. Pour les gros animaux, c’est pareil, soit par crainte, soit parce que la bête veut se défendre si on doit lui faire une piqûre.
Rarement, d’abord il faut y aller, c’est notre travail. Par contre, on met une muselière à un chien agressif, pour un chat des gants, pour une vache, trois cordes… Il faut aller chercher des moyens si cela ne va pas autrement, aller chercher du renfort, donner des médicaments ou faire une anesthésie mais on n’est pas dompteur, il faut faire des soins même si l’animal refuse.
J’ai la phobie des araignées et je n’aime pas trop les rats. S’il faut les soigner, je suis capable de les tenir mais spontanément, cela ne me donne pas trop envie de les toucher.